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COMPETENCES ET RESILIENCE

Développement des compétences et certification de la résilience


    L’un des objectifs principales de l’instruction est que les élèves, non seulement apprennent les contenus prévus et les comportements requis dans le programme de formation, mais aussi que ces acquis puissent être généralisés en dehors du contexte scolaire et utiliser dans le temps et la durée, à l’intérieur des situations de vie concrètes. L’enseignant ne peut donc se contenter de faire apprendre à l’élève des concepts et des comportements déterminés sans se préoccuper de leur généralisation, ou bien de leur transfert.

 Comme sujet en apprentissage d’un métier, cette donnée accompagne chacun des processus de formation des apprentis de sorte que relevant la pertinence et la valeur opératoire (pratique) de chaque argument de cours ils éprouvent un intérêt particulier à son assimilation. La formation professionnelle est par définition une activité éducative et formative visant l’acquisition des connaissances et des compétences finalisées à une profession (formation professionnelle initiale), ou visant à améliorer les connaissances et les capacités pour l’exercice d’une profession (formation professionnelle permanente). Dans cette perspective, développer des compétences ou certifier celles que l’on possède déjà, s’inscrit dans une ligne de maturation et de développement de la personne visant, non seulement à sa qualification professionnelle mais encore à son épanouissement. Les compétences manifestent ou constituent un ensemble d’aptitudes à réaliser efficacement une action ou une activité donnée. Une compétence se manifeste dans le fait qu’on réussit à mettre en œuvre et à coordonner un ensemble de connaissances, d’habilités et autres dispositions internes (intérêts, significations, valeurs, etc.) en vue de résoudre une problématique ou de mener positivement un travail ou une activité précise.

 Bruno Bordignon situe la définition de la compétence à l’intérieure d’une théorie générale de la connaissance et d’une théorie unifiée de la méthode, selon lui : 

«Le processus compétent s’identifie avec le processus de connaissance humaine, accueillit dans son intégrité; il part de la réalité et retourne à la réalité en la transformant selon la compréhension, et toujours historiquement perfectible, que l’homme possède de ses propres besoins.»

Dans cette perspective, ce qui rend une personne compétente est sa capacité à élaborer, à réaliser, à organiser des activités simples ou complexes et à en résoudre les problèmes, et/ou à anticiper des actions par rapport à des situations problématiques, en fonction des connaissances qu’elle possède, des habilités acquises et du contexte. La compétence est alors le lien efficace entre des connaissances (capacités intellectuelles) et des comportements spécifiques (habilité, mode d’agir ou manière de faire) dans l’élaboration et/ou la réalisation d’une activité.

 Levati William et Maria Saraò (1998), nous font l’illustration pertinente d’un tel rapport, en postulant que l’agir compétent est lié aux capacités qui le rend tel:

 


Le lien entre comportements et capacités

  


Choisir/décider entre des alternatives

  1. 1Gestion de l’anxiété

  2. 2Synthèses (problem solving operative)

  3. 3Vision d’ensemble

Établir des relations interpersonnelles finaliser à un résultat (ou objectives)

  1. 1Adaptabilité relationnelle

  2. 2Intelligence sociale

  3. 3Flexibilité dans la pensée

Maintenir des contacts diplomatiques dans des domaines externes complexes et sophistiqués

  1. 1Construction/gestion de relations pluriels

  2. 2Adaptabilité relationnelle

  3. 3Intelligence sociale

  4. 4Métacommunication

  5. 5Flexibilité dans la pensée

  6. 6Vision d’ensemble

  7. 7Gestion de l’anxiété

Maintenir des contacts internes interfonctionnels

  1. 1Construction/gestion de relations pluriels

  2. 2Adaptabilité relationnelle

  3. 3Intelligence sociale

  4. 4Métacommunication

  5. 5Flexibilité dans la pensée

  6. 6Vision d’ensemble

Collaborer/s’intégrer

  1. 1Intelligence sociale

  2. 2Adaptabilité relationnelle

  3. 3Flexibilité dans la pensée

  4. 4Gestion de conflit

Relier et évaluer des données hétérogènes/homogènes, sur la base de critères donnés

  1. 1Analyser (problem solving complex)

  2. 2Vision d’ensemble

  3. 3Flexibilité dans la pensée

Négocier/gérer des traités avec l’extérieur

  1. 1Perspicacité

  2. 2Intelligence sociale

  3. 3Adaptabilité relationnelle

  4. 4Flexibilité dans la pensée

  5. 5Gestion de l’anxiété

Guider, déléguer et développer des ressources humaines

  1. 1Leadership

  2. 2Vision d’ensemble

Adapter des solutions a des contextes divers

  1. 1Flexibilité dans la pensée

  2. 2Innovation

Prévoir/prédisposer des adaptations au changement

  1. 1Gestion de l’anxiété

  2. 2Flexibilité de pensée

  3. 3Vision d’ensemble

  4. 4Synthèses

  5. 5Innovation

Produire des résultats opératifs

  1. 1Autonomie/initiative

  2. 2Tension au résultat

  3. 3Gestion de l’anxiété

  4. 4Synthèse (problem solving operative)

Planifier/organiser des activités propres/autrui

  1. 1Vision d’ensemble

  2. 2Analyse (problem solving complex)

  3. 3Gestion de l’anxiété


Cf. William LEVATI, Maria V. SARAO. (1998). Il modello delle competenze. Francoangeli, Milano. 58




Il ne s’agit pas ici de réduire les compétences à des simples mécanismes, ou à des combinaisons opératoires. Pour ces auteurs, les compétences font partie de la dimension psycho-cognitive de la personne, ce ne sont pas des comportements ni des modèles de comportement. Même si elles s’expriment à travers des comportements, Les compétences n’en sont pas dépendantes. Dans cette perspective on comprend mieux la pertinence et les enjeux même du processus formatif d’une école professionnelle. Développer les compétences dans ce cadre revient à signifier la mise en projet du capital humain pour reprendre les termes de Bordignon. Ce qui signifie la valorisation de la dimension anthropologique dans le processus de formation. Autrement dit, l’homme doit devenir plus homme dans un processus de formation, et sa réalisation en tant que tel doit être au centre de tout projet éducatif. La formation professionnelle des jeunes comme formation à la vie et à un emploi future ne peut se faire sans tenir compte de cette humanisation obligatoire à tout processus éducatif. Nous partageons l’idée (de Bordignon) que la réalisation de la personne humaine est plus liée à ce qu’il fait qu’à ce qu’il est capable de faire:


«La capacité de raisonner, de réfléchir, de relier, d’élaborer des explications; en un mot, de critiquer à travers la prise de recul par rapport à la réalité pour la comprendre, la dominer et la transformer, n’est ni accompli en soi ni n’a valeur de finalité, mais seulement de moyen [...] l’homme est tel qu’il est non seulement parce qu’il pense, a des intentions, propose, sait comment il faut agir, mais surtout parce que ses intentions deviennent actions et opérations.» 

Le jeune apprenti ne sera alors réaliser dans son expérience formative, que lorsqu’il aura appris à faire, ou mieux, à bien faire, c’est-à-dire à agir avec compétence. Et l’expérience de formation sera pour lui une source d’épanouissement dans laquelle il peut unifier sa vie grâce à un projet concret et réalisable: sa qualification professionnelle. Les difficultés du passé et celles présentes dans sa vie deviennent alors surmontables parce qu’il aura appris à être et à agir avec compétence, c’est-à-dire à rendre efficacement opératoire sa pensée, et en même temps à réfléchir sur ses modalités de penser, à analyser ses erreurs, à planifier, à devenir autonome et créatif (Luigi D’Alonzo, 1999); et parce qu’il aura eu la chance de côtoyer des enseignants encourageants, disponibles, motivants qui l’ont permis de recevoir des messages restaurant une image positive de lui-même (Boris Cyrulnik, 2007). La compétence c’est ce qui fait, comme le disait Bergson, agir en homme de pensée et penser en homme d’action.

Le développement des propres compétences dans un tel contexte de formation, rend le jeune fort, optimiste et capable d’affronter les adversités de la vie, car comme le dit si bien Boris Cyrulnik (2007), ce n’est pas en donnant plus qu’on pourra aider les enfants en difficulté mais, au contraire, en leur demandant plus. Les efforts fournis pour la propre formation, les difficultés surmontées engendrent (au sens de faire naître) de ce fait, le jeune dans une personnalité nouvelle, renforcée, aguerrie, prête pour le futur; et par rapport aux difficultés de la vie, certifie sa résilience.


David Metoule Sdb

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